Jour 8 - Barreirinhas - Camocim
Traversée du désert en bateau !
Il est 7h30, Serge me réveille et me rappelle que c’est à moi aujourd’hui de tenir le journal de bord. Nous formons le couple illégitime de la chambre 14. Il faut dire que chaque jour nous changeons de partenaire dans notre club d’aventuriers échangistes. Il va me falloir donc noter les faits marquants de la journée et les retranscrire pour remplacer mon fidel assistant dans l’organisation de ce périple dont l’audimat enfle à la sortie de chacune ses brèves. Nous sommes d’ailleurs ses premiers fans et nous nous régalons chaque soir à écouter Jean Yves nous lire avec truculence la prose éditée sur le site autour d’une bonne bière skol.
Aujourd’hui c’est grâce à Serge qu’une nouvelle journée merveilleuse nous attend. Serge s’est proposé d’acheminer seul « Kini » notre combi jusqu’à Camocim notre étape de ce soir, en permettant ainsi au reste de l’équipe de rallier ce village par la voie fluviale. Nous connaissons tous la générosité de Serge qui n’a d’égale que son humilité. Il n’a pas eu besoin d’insister, nous acceptons son sacrifice… non sans une certaine gêne de l’abandonner seul pour 6 heures de route. Mais c’est si vite passé…
1ère bonne nouvelle ce matin : Titi le marin sort de sa cale avec une meilleure mine. Le « ça va les gars » sonne vrai cette fois ci. Il faut dire que nous lui avons mis la pression à notre marin qui n’aime vraiment pas l’eau douce, en lui disant la veille que l’aventure allait s’arrêter là s’il ne se décidait pas à s’hydrater. Nous l’avions mis sous quartier de haute surveillance avec comme maton François qui aurait pu faire rentrer chéri bibi dans les ordres. Notre marin a la tente dure mais a senti le vent tourner et visiblement il vient de sortir la grande voile pour rattraper le temps perdu. Nous sommes tous ravis de nous le retrouver en meilleure forme.
Nous sautons avec 1 heure de retard dans le 4x4 pour nous transférer à l’embarcadère. Plus petit que notre combi « Kini », nous sortons tous les 6 vermoulus du véhicule après une heure de secouade à travers les pistes defoncées. Moi qui pensais que notre embarcation se trouvait à 5mn de l’hôtel…
Sur le quai nous attend un bateau de 10 places… et 2 brésiliennes (pas celles que vous imaginez). Bernadette la soixantaine et sa fille Lou pas forcement beroy nous attendaient avec impatience …pour nous demander si nous pouvions les emmener avec nous car nous avons loué le seul bateau de la journée pour traverser le delta de Parnaiba. Bernadette a raison de croire au miracle et nous acceptons de leur faire une place sur notre arche. Elles s’installeront à l’arrière du bateau.
Notre embarcation démarre enfin et nous voilà parti pour… 2 minutes de navigation avant immobilisation. Le bateau penche et est difficilement navigable. En fait, Malabar le quintal et son contraire Barlama le quinquat sont à l’origine de l’inclinaison de notre tour de pise. François déplace donc ses 1m93 devant les 1m69 de «notre petit mais vaillant » Jean Yves afin de rééquilibrer le gite.
Nous traversons des lieux inimaginables. Je ne pensais pas pouvoir un jour traverser le désert en bateau… c’est désormais possible dans le Sahara brésilien.
Peu avant midi, nous nous arrêtons notre bateau au pied d’une immense dune de sable dont les grains semblent passés à la javel.
Nous nous pinçons pour être sur que nous ne rêvons pas dans ce lieu dans lequel nous nous attendons à voir apparaître à tout instant Laurence d’Arabie en maillot de bain. Notre équipe de Pincemi se jette à l’eau, Pincemoi étant parti seul dans le combi « Kini ». Nous avons une pensée pour lui et un peu de remord…
Thierry décide de faire l’ascension de la dune Everest sur laquelle un drapeau vert flotte en son sommet. Il a déjà fait l’ascension Corse du Monté Cinto à la pleine lune, il veut visiblement nous montrer qu’il est capable de monter la dune Everest en plein soleil. Nous le suivons, il sera le 1er au sommet. Du haut de la dune, pour marquer cette période de J.O, François décide de lancer un concours de saut en longueurhauteur depuis le sommet. Sous l’œil de notre reporter Franck et de son objectif, il retombera 3m plus loin… et plus bas. Sa hanche a tenu. Marcou s’élance à son tour et fera un bon 50m de roulé boulé dans la pente de la dune… et du sable plein les dents. Nous avons 10 ans et c’est bon !
Nous reprenons notre embarcation pour nous arrêter 10mn plus tard sur le rivage où apparaît étonnement la seule « construction » visible depuis notre départ…pour une pause déjeuner. Nous sommes les seuls clients.Thierry demande si le poisson est frais (sic). Plus d’une heure plus tard nous serons servis d’un excellent poisson grillé qu’ils auront mis du temps à aller pêcher.
Nous repartons en milieu d’après midi dans les méandres des mangroves où des colonies de crabes couleur rubis se planquent sous les racines d’immenses palétuviers. Nous croisons par la suite un étrange échassier d’une couleur rouge éclatante. Splendide. J’apprends qu’il s’agit d’un ibis rouge dont la couleur est du à son alimentation : le crabe couleur rubis (visiblement pas assez planqué)
Le paysage se transforme au fur et à mesure que nous nous enfonçons dans le delta de Parnaiba. D’étranges plantes surgissent le long des rives avec des genres d’ananas en guise de fruit. Renseignement pris, ce ne sont pas des « ananasiers »… nous n’en saurons pas plus. Un vol d’ibis rouge nous passe au-dessus de la tête. Le temps est suspendu.
Bizarrement le moteur de notre bateau toussote depuis quelques minutes. Notre capitane Yamonbatokadératé se veut rassurant. Nous tombons en panne quelques minutes plus tard… à 100m du quai de débarquement après 5 heures de navigation. Nous serons tractés pour rejoindre le quai d’où se dégage une ambiance de surfeurs plutôt kite sur fond de musique brésilienne. Le soleil se couche sur la mangrove, le cadre est magique.
Un 4x4 nous attend pour rejoindre Serge à Camocim avec 2 heures de routes que je vais employer pour écrire cette brève… qui n’en est pas une.